En tant que Président de l’APAJH de la Drôme, je me fais le porte-parole de Perrine, Stéphane, Céline, Aurélie et Mathieu, ainsi que des 600 enfants et adultes que nous accompagnons dans la Drôme, mais aussi de tous les adhérents et des professionnels, pour dire l’infinie tristesse que nous avons ressentie à l’annonce de la disparition de Suzanne SARTRE.
Cette tristesse est encore plus profonde chez nos résidents du foyer Dominique SARTRE qui la considéraient un peu comme une seconde maman. Nous avons tous un profond respect et de l’admiration pour cette grande dame discrète et réfléchie. Dans sa simplicité et son humanité, avec infiniment de persévérance, sans jamais faire de bruit, sans jamais dévier de son chemin, Suzanne a aidé les personnes en situation de handicap.
En 2022 nous avions saisi l’occasion du cinquantenaire de notre association pour la mettre à l’honneur. En effet, elle fut au cœur de la création de l’APAJH de la Drôme qu’elle a soutenue et accompagnée tout ce temps, jusqu’à la veille de sa disparition. Elle était présente en 1979 à l’ouverture de notre premier établissement, le CAMESOP, pour les enfants de moins de 6 ans, et elle était encore là lorsque nous avons créé récemment notre vingtième-et-unième établissement pour enfants porteurs de troubles autistiques.
Alors qu’elle était déjà mère de quatre enfants, c’est la naissance de Dominique, porteur de trisomie 21, qui amena Suzanne à se mobiliser. À une époque où la société incitait encore les parents à cacher leur enfant porteur de handicap entre quatre murs, Suzanne s’est battue pour que Dominique soit scolarisé au même titre que n’importe quel autre enfant. Les frères et sœurs ont activement participé à l’éveil, à l’évolution et au développement de ce petit dernier très entouré. Suzanne voulait qu’il vive sa vie, sans le surprotéger. Dominique a ainsi pu vivre et travailler comme n’importe quel citoyen de ce pays.
Il a été heureux et choyé jusqu’à ce jour funeste, jusqu’à cet accident qui fut pour vous, Suzanne, et pour votre famille, une terrible tragédie. Ce fut aussi un drame pour
toute la communauté du handicap dans la Drôme. D’autres personnes, en de pareilles circonstances, se seraient effondrées. Mais vous, Suzanne, vous avez surmonté cette épreuve. Personne n’avait vu que votre apparence fragile cachait en réalité un roc, une île insubmersible, stable et paisible. Vous avez su transformer cette souffrance et ce traumatisme pour en faire une force au service des autres, une force qui vous a permis de déplacer des montagnes.
Car c’est sur ce roc, sur ces solides fondations, que l’APAJH a bâti le foyer Dominique Sartre pour les travailleurs en situation de handicap, ainsi que notre Établissement d’aide par le travail de Valence, précurseur des nouvelles politiques d’inclusion. C’est en effet le don généreux que vous et votre famille avez consenti qui a permis la réalisation de ce beau projet.
Vous étiez également très vigilante à faire respecter les droits des personnes en situation de handicap sur les questions d’accessibilité. Pendant presque deux décennies, vous avez été un pilier de la commission départementale d’accessibilité, animée par Monsieur Rémy VAN SANTVLIET. Pour vous remercier, le Préfet de la Drôme vous a attribué une médaille d’honneur.
Alors tout ce que nous pouvons dire aujourd’hui, c’est « merci ». Merci Suzanne pour votre générosité, pour tout ce temps que vous avez donné aux autres. A titre personnel, merci de m’avoir fait connaitre l’APAJH de la Drôme, car c’est vous qui m’avez convaincu de rejoindre cette belle association, moi qui ai vu naitre en 1990 mon cinquième enfant lui aussi porteur de trisomie 21. Et surtout merci pour Perrine, pour Stéphane, pour Céline, pour Aurélie, pour Mathieu et pour tous les autres résidents du foyer Dominique SARTRE.